8 Déc, 2024 | Article

Worklife : démultiplier les ambitions d’une startup après son rachat

De sa création en octobre 2020 jusqu’à aujourd’hui, en passant par son acquisition par le Groupe Crédit Agricole à l’automne 2023, Worklife a changé de dimension. D’une solution de gestion des avantages salariés, l’entreprise est devenue la pierre angulaire d’une véritable Banque des RH au sein de la première banque d’Europe. Entretien avec Benjamin Suchar, co-fondateur et CEO de Worklife.

 

Dans sa vie d’avant Worklife, Benjamin Suchar a co-fondé Yoopies, une plateforme de mise en relation entre parents et gardes d’enfants. Au cours de cette aventure entrepreneuriale, il s’est retrouvé au contact de nombreux DRH de grandes entreprises confrontés aux problématiques parentales. La question est un sujet récurrent parmi les nombreux avantages sociaux que ces entreprises n’arrivent pas toujours à valoriser correctement en interne. 

L’idée de Worklife découle de cette nécessité de donner à voir et à comprendre les avantages salariés mis à disposition des employés par l’entreprise qui les emploie. Tout au long de l’année 2020, Benjamin met à profit la pandémie et la période d’arrêt des baby-sittings sous-jacente pour donner vie à une nouvelle offre plus large et plus complète. La commercialisation de Worklife débute en juin 2021 avec le déploiement auprès des collaborateurs français du géant Amazon autour d’une proposition de valeur simple : regrouper l’ensemble des avantages sociaux dans une application mobile et une carte de paiement, tout en faisant rayonner la marque employeur. 

Le time to market est idéal et les premiers succès commerciaux sont au rendez-vous. Benjamin Suchar croise rapidement le chemin de La Fabrique by CA qui a déjà identifié l’opportunité d’apporter plus de valeur aux clients de la première banque d’Europe autour de problématiques liées à l’attractivité et la fidélisation des talents. Au terme d’une étude stratégique qui valide l’opportunité de créer cette nouvelle activité, décision est prise de faire l’acquisition de Worklife pour déployer le service partout en France. Le rachat est annoncé en septembre 2023 tandis que Worklife rejoint le dispositif d’hybridation industrielle de fintech mis en place par la Fabrique by CA.

 

Une passerelle entre le monde corporate et celui des startups

Comme tous les fondateurs de startups, Benjamin Suchar reste vigilant lors du rachat de son entreprise. Il connaît les récits d’entrepreneurs qui ont vu leurs créations refuser la greffe imposée sur une grande entreprise en raison de problématiques techniques, culturelles, stratégiques, voire politiques. Or dans son cas, grâce au travail réalisé en amont au sein du Groupe, la mayonnaise a pris : 

« Un peu plus d’un an après l’acquisition, je peux dire que le bilan est extrêmement positif, même au-delà de mes attentes, explique-t-il. Il faut dire que ce qu’a réalisé le Crédit Agricole est très singulier. La Fabrique by CA sert de passerelle entre la startup agile et innovante et un grand groupe qui a ses process et son histoire. Elle a ce rôle de tampon, d’ascenseur, de traducteur qui vient éviter que la startup se fasse écraser par le poids du corporate et qui permet de venir créer les synergies. Dans les faits, Worklife garde beaucoup d’autonomie et de capacité d’innovation et d’agilité, tout en profitant de la puissance du groupe Crédit Agricole pour en faire un levier de succès. » Pour Benjamin Suchar, le dispositif de La Fabrique by CA a été déterminant  dans le succès de son rapprochement avec la banque et de la définition d’un projet commun. 

Vers une banque des RH au Crédit Agricole

« Le projet industriel derrière le rachat du groupe Crédit Agricole, confie Benjamin Suchar, c’est de pouvoir créer un champion des avantages salariés au sens large, pas uniquement des avantages financiers tels que Worklife les propose aujourd’hui. Le groupe est aussi le leader de l’épargne salariale et de l’assurance collective. Avec Amundi, Crédit Agricole Assurances ou CA Titres, il y a cette ambition de créer un pont entre ces métiers pour créer une véritable banque des RH, avec une offre très différenciante qui pourra être distribuée par l’ensemble des caisses régionales. »

Mais avant de déployer cette offre, Worklife s’est attelé à un chantier qui pourrait sembler cosmétique, mais qui était pourtant primordial : son identité visuelle. De l’aveu de son CEO, la marque s’était construite très vite, se concentrant sur l’exécution et le produit sans prendre le temps de mettre à plat leurs valeurs et les axes de différenciation de leur offre sur le plan marketing. 

« Nous avions sans doute un problème de positionnement. Il nous arrivait parfois de perdre des appels d’offres parce que la perception de notre solution n’était pas alignée avec ce que nous sommes devenus.» L’identité de marque Worklife ne parlait pas toujours aux grandes entreprises et la création d’un univers de marque plus statutaire et plus robuste, cohérent avec celui de Crédit Agricole, était devenu nécessaire. 

 

Une nouvelle identité basée sur la transparence

« On voulait quelque chose de plus impactant mais aussi de plus sobre. Notre métier, c’est avant tout de mettre en avant la marque employeur de nos clients. Cela implique de se mettre un peu en retrait, d’où l’idée d’aller vers plus de transparence. On veut que Worklife soit une clef du succès des entreprises, parce que nous sommes persuadés que les avantages sociaux, au-delà d’un élément de pouvoir d’achat pour les collaborateurs, sont un levier essentiel de leur développement. C’est grâce aux avantages sociaux que les collaborateurs vont installer une solution liée à leur entreprise sur leur téléphone personnel et la consulter de manière quasi quotidienne. Chaque fois qu’un collaborateur utilise l’application Worklife, il témoigne de l’impact stratégique, économique et/ou écologique qui peuvent être déployés simplement par les dirigeants et les RH de toutes les entreprises.»

 

Valentin Pringuay