La genèse de la Banque des Ressources Humaines
En tant qu’ancien DRH au sein du plusieurs entités du groupe (CATS, LCL, CASA, CAGIP), Marc Do-Van-Tuan était sans doute l’un des dirigeants les mieux avertis pour faire sortir de terre la banque des Ressources Humaines. De ces années qui lui donnent une légitimité certaine sur les problématiques humaines au sein de l’entreprise, il retient surtout la compréhension du terrain et du Groupe pour réussir à fédérer tous ces acteurs autour d’un même projet. Le sens de l’innovation vient quant à lui avec une curiosité naturelle et le besoin constant d’interroger le statu quo. « L’innovation est essentielle, elle nous permet de nous adapter aux changements, de les anticiper et de créer de nouvelles opportunités de croissance, dit-il. On en fait déjà pas mal chez Crédit Agricole, mais on n’en fait jamais assez. »
La Banque des Ressources Humaines arrive donc comme une réponse à ce besoin d’innover d’une part, mais surtout de le faire au service des clients et de la société. Sur le papier, le sujet n’était pourtant pas gagné d’avance. Il nécessitait de créer le dialogue entre des acteurs de tailles et de cultures radicalement différentes : Amundi (4500 salariés pour 3,4 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2024) et Worklife (70 collaborateurs pour 2,8 millions d’euros de CA en 2024) par exemple. Comment faire, pour apprendre à David à travailler efficacement avec Goliath ? Voilà l’un des secrets les mieux gardés de la banque des Ressources Humaines dont le succès repose en grande partie sur cette collaboration.
« En réalité, c’est plus simple que ce que l’on pourrait penser, explique Marc Do-Van-Tuan. Mon défi en tant que sponsor, en lien direct avec Richard Laborie (DG CR Languedoc) et les équipes de la direction du marché des entreprises à Crédit Agricole SA (Benoit Passaga, puis Benjamin Reboul et Stephan Giner) a été de rassembler les entités. Il a fallu se rencontrer, apprendre à se connaître, à se faire confiance. Le vrai déclic se produit quand vous arrivez à démontrer que cela crée de la valeur sur le terrain, et que l’on invente un nouveau service, ce qui reste rare dans une expérience professionnelle. C’est alors assez simple d’avancer ensemble. Surtout que cela répond à un vrai besoin. ». En juin 2025, un an et demi seulement après les premières rencontres, la Banque des Ressources Humaines était officiellement lancée, agrémentée d’un bagage de formation (Ifcam), d’une campagne de communication nationale et d’un outil digital de diagnostic RH spécialement développé pour les chargés d’affaires.
Quelques mois plus tard, avec déjà près de 150 chargés d’affaires et experts BRH formés et près de 36 Caisses régionales déployées, les résultats sont tangibles. La dynamique de conquête s’est accélérée depuis l’été, avec des signatures d’entreprises emblématiques. « Nos cibles prioritaires, ce sont les PME et ETI, explique Marc Do-Van-Tuan. Ce sont elles qui subissent de plein fouet la guerre des talents. Mais par extension, nous sommes également en mesure de répondre aux enjeux des grandes entreprises, car nos équipes et nos offres sont au meilleur niveau du marché. »
Un projet logique et vertueux
Marc Do-Van-Tuan décrit surtout la Banque des Ressources Humaines comme une évidence.
« C’est évidemment lié à mes convictions personnelles en tant qu’ancien DRH, explique-t-il. Mais cela correspond aussi à notre ADN Crédit Agricole avec une logique de coopérative, d’appui et de soutien à l’économie. C’est un projet collectif, bâti à plusieurs, avec les dirigeants et les équipes de CA Titres, La Fabrique/Worklife, CA Assurances et Amundi, les DRH et DME des Caisses régionales. Aujourd’hui l’ensemble des dirigeants et managers des Caisses régionales et des filiales en sont les premiers promoteurs. C’est aussi un projet tourné vers l’humain qui est notre grande force en tant que banquiers des territoires. C’est enfin une initiative vertueuse pour nous, au sein des Caisses régionales, puisqu’elle nous permet d’aider un chef d’entreprise à attirer et retenir des salariés pour se développer là où il se trouve déjà grâce à notre approche conseil des besoins RH d’une entreprise. Ensuite, si l’entreprise se développe, nous avons la capacité de l’accompagner avec toutes nos solutions de financement et d’investissement. Voilà pourquoi c’est intéressant à tous les niveaux. »
Le DGA du Crédit Agricole Centre-est rappelle aussi que, loin d’une vision gadget de la tech, cette banque des Ressources Humaines incarne à elle seule sa définition de l’innovation. « L’innovation c’est quoi ? L’innovation, c’est créer plus de valeur pour la société et les générations futures. La technologie est un moyen de la véhiculer, mais ce que l’on cherche avant tout, c’est à avoir de l’impact. »
Campagne de communication Banque des RH du groupe Crédit Agricole
L’impact à tous les niveaux
La notion d’impact est d’ailleurs un mantra pour Marc Do-Van-Tuan qui cherche sans cesse le moyen d’apporter un complément d’utilité à la société. « L’objectif, c’est d’apporter des solutions utiles socialement en complément du travail effectué par les pouvoirs publics, en particulier là, où il y a moins de moyens dans nos régions. » La preuve avec la récente annonce d’un partenariat avec l’Institut Mérieux à Lyon pour créer une structure et un fonds d’investissement commun dans le secteur des biotechnologies.« C’est la même dynamique que pour la Banque des Ressources Humaines, explique Marc Do-Van-Tuan . Il était beaucoup plus intelligent de lancer cette initiative à plusieurs et, là aussi, avec les meilleurs du marché. »
Parmi les premiers éléments visibles de cette collaboration de la filière santé. Marc Do-Van-Tuan dévoile d’ailleurs ses ambitions de faire se rencontrer les initiatives autour de la santé avec la Banque des RH. « Nous sommes impatients que la banque des Ressources Humaines soit pleinement déployée à l’échelle parce que nous sommes persuadés qu’il s’agit d’un actif stratégique et différenciant qui peut être enrichi de nouvelles offres. »
Parmi les autres sujets sur lesquels le DGA souhaite s’impliquer, il y a celui de l’aidance, qu’elle concerne des enfants en situation de handicap ou des parents ou proches en perte d’autonomie. Un quart des salariés français doivent gérer ce type de situation, et la France compte déjà entre 8 et 11 millions d’aidants. De près ou de loin, nous sommes donc tous concernés. C’est en lien direct avec la mission d’une entreprise et donc notre concept de Banque des Ressources Humaines, puisque l’âge d’entrée dans l’aidance est de 35 ans et que 25% des salariés sont aidants.
« Au Crédit Agricole Centre-est, les équipes se sont mobilisées à partir d’une initiative qui a émergé du terrain. Nous avons décidé d’adresser ce sujet en formant les collaborateurs, leurs managers, les dirigeants et le conseil d’administration. Nous avons aussi un réseau d’environ 90 ambassadeurs parce qu’il y a environ 700 personnes parmi les collaborateurs de notre entreprise qui sont en situation d’aidance. Il faut lever les non-dits, déculpabiliser le sujet. Notre rôle est de libérer la parole sur ce sujet sociétal souvent tabou et de transformer cette réalité en force reconnue et valorisée.
Et de conclure : « Nous sommes aussi en train de créer une application, avec la Fabrique by CA pour accompagner nos collaborateurs aidants et demain la proposer à l’ensemble des entités du Groupe, de leurs collaborateurs et de leurs clients. Là aussi nous sommes pleinement dans notre rôle et dans notre projet sociétal »
Valentin Pringuay