14 février 2019

La paytech se consolide au profit des entrepreneurs

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Ecrit par
La Fabrique
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Amazon, Google Pay, Apple Pay, PayPal, Stripe, Adyen, AliPay, WeChat en Chine, mais aussi VISA, Mastercard… Après la première révolution qui a bouleversé l’acte d’achat avec le Web, puis le mobile, nous allons bientôt vivre un nouvel âge d’or des systèmes de paiements avec la démocratisation des objets connectés (montres, wearables…) et même des assistants vocaux intelligents qui obéissent déjà à la commande. Bientôt, l’acte de payer sera intégré à n’importe quelle expérience de manière pervasive ; les acteurs du secteur en ont bien conscience. Pour l’heure, c’est le paiement en ligne que l’on peut le mieux quantifier : en 2025, le marché mondial des paiements pèsera autant, si ce n’est plus, que le PIB de la France. À cet horizon, il est estimé à 2 998 milliards de dollars, porté par une croissance de 5,2% chaque année (à 1 995 milliards de dollars en 2017), selon des données MarketInsights.

Depuis 2007, la dématérialisation de l’argent s’accélère. En Europe, elle date d’une première directive sur les systèmes de paiement (DSP1) qui autorise de nouveaux acteurs—du digital pour la plupart—à proposer certains services d’une banque (dépôt, carte, virements, etc.). Dix ans plus tard, les régulateurs bancaires ouvrent encore davantage à la concurrence et à la standardisation entre les solutions de paiement, notamment via l’open banking. À cela s’ajoute l’intelligence artificielle qui va permettre d’automatiser les process et d’augmenter toujours plus les flux, comme l’explique une étude Capgemini sur les tendances du paiement en 2019. Surtout, la technologie IA arrive avec une batterie de solutions pour détecter les fraudes et vérifier les données liées à la conformité, notamment grâce au machine learning qui va permettre de créer "des trillions de profits supplémentaires" et "un taux de profitabilité en croissance de 31% d’ici 2035", d’après Accenture.

En entrant dans le détail de cette transformation du paiement, on en observe en fait deux distinctes : la partie visible, centrée sur l’expérience utilisateur, et une large partie cachée, qui concerne la façon dont les paiements s’opèrent en acteurs financiers.

De la disparition de l’argent liquide au paiement pervasif

Déjà, ils sont 29% d’Américains à ne plus du tout effectuer le—désormais presque désuet !—paiement en liquide pendant une semaine, selon une étude Pew Research de 2018. En Suède, le scénario est encore plus extrême, avec la pratique du "no cash accepted" dans des commerces qui acceptent uniquement le paiement par carte bancaire ou mobile (faisant tomber à 15% le paiement liquide au niveau national en 2016, rapportaient Les Echos). Si la fin de l’argent liquide se précise avec, notamment, la déferlante des e-wallets, pour les entrepreneurs de la fintech, les opportunités sont dès lors immenses.

Désormais, le paiement ne se conçoit plus uniquement comme un acte spécifique, mais il intègre, sans rupture, un usage du quotidien. Avec la pénétration des nouvelles interfaces (wearables, écran dans la voiture, assistant vocal, chatbot, biométrie, sans contact/NFC, en peer-to-peer…), la friction de l’acte de payer va de plus en plus disparaître. En B2B, c’est du coup gérer ce monde de paiements sans frontières en back office. À chaque point de paiement, il faudra toutefois renforcer la sécurité, notamment lors de l’identification et de l’authentification, sans pour autant perturber la nouvelle expérience. D’ici cinq ans, le mot de passe ou le code PIN pourraient d’ailleurs avoir complètement disparu, anticipe même la Chief Risk Officer chez VISA.

En effet, du paiement mobile au SelfyPay en passant par des transferts d’argent P2P et les monnaies électroniques, tous les acteurs de la finance sont invités aujourd’hui à s’interroger sur la manière dont authentifier l’identification de l’utilisateur. Le phishing attack ou encore les techniques de SMiShing—qui visent à usurper l’identité de quelqu’un en lui faisant croire par mail/SMS/autres s’adresser à un tiers de confiance—demandent des stratégies de cybersécurité et d’authentification plus solides que le mot de passe à usage unique par SMS, l’OTP (One Time Password), et/ou à combiner au minimum plusieurs facteurs d’identification. Des méthodes innovantes pour achats et transactions bancaires en ligne sont ainsi déjà éprouvées comme celles de la biométrie (empreinte digitale, faciale, rétinienne, vocale…). Et, à en croire le cabinet Juniper Research le nombre d’utilisateurs de ces méthodes passerait d’environ 429 millions à 1,5 milliard d’ici 2023. Apple a ainsi lancé "Touch ID", son service de lecture d’empreinte digitale, Alibaba a racheté EyeVerify, un service d’identification oculaire… Les exemples se multiplient et la tendance ne fera que se renforcer avec le projet de norme technique réglementaire (Regulatory Technical Standard RTS) spécifiant les exigences de l’Authentification Forte du Client et les éventuelles exemptions de la DSP2, explique Idemia, le leader de l’identité augmentée.

La partie cachée : carte bancaire versus virement

Actuellement, il est assez rare d’envisager un paiement par virement. Peu de commerçants le proposent, les délais sont longs et le processus assez peu "user-friendly". La carte bancaire, moyen de paiement préféré des Français, domine largement comme mode de paiement en direct ou à distance. Mais les directives européennes récentes (DSP2 et Instant Payment) et le mouvement global de l’open banking pourraient remettre en cause ce monopole de la carte. Dès 2019, ils mettent en place toutes les briques nécessaires (instantanéité, universalité, facilité d’utilisation) pour que le virement de compte à compte devienne une alternative très crédible, notamment en permettant d’éviter les frais importants imposés par les grands acteurs du paiement. Ces deux prochaines années devraient être riches en rebondissements sur ces transformations de l’écosystème !

Déjà, les nouvelles technologies attirent les groupes bancaires qui cherchent à investir dans les solutions de demain. Rien qu’en Amérique du Nord, les projets d’investissement doivent atteindre 19,9 milliards de dollars en 2019, selon Stastica cité par Stapayments.com. "L’industrie du paiement est en train d’entrer en phase de consolidation", confirme Capgemini.

En France, c’est par exemple le Crédit Agricole qui s’associe au groupe allemand Wirecard pour proposer un nouveau service de paiement en ligne aux commerçants, via sa filiale Crédit Agricole Payment Services (CAPS).

Sans surprise, la conquête des écosystèmes du paiement stimule aussi l’appétit des géants de la donnée, à l’image de Google. Il y un an, l’Américain fusionnait ses solutions Google Wallet et Android Pay pour défendre son territoire avec Google Pay (plus de 100 millions d’installations en 2018, selon PaymentWeek). Il vient aussi de faire une incursion en terre européenne avec l’obtention en ce début janvier 2019 d’une licence de paiement en Irlande (là où se trouve son siège social européen). Une autorisation obtenue notamment grâce à la nouvelle directive DSP2.

Au final, c’est tout l’écosystème autour des systèmes de paiement qui est en train de se redessiner. À la clé, ce seront d’ailleurs de nouveaux consortiums bancaires et de nouvelles collaborations entre les fintechs et les banques et pour nous utilisateurs, certainement un acte de paiement de plus en plus transparent, intégré dans une expérience et donc presque "invisible". On vous rassure (ou pas), le compte est toujours débité à la fin !

#paiement
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