Concrètement, il s’agit pour les banques d’ouvrir leurs données à des tiers, mais aussi de devenir fournisseuses de services et d’interfaces à d’autres plateformes, et ainsi poursuivre la digitalisation de l’expérience client amorcée depuis plusieurs années déjà par les banques. Dès 2012, le Crédit Agricole a ainsi ouvert une plateforme d’open API donnant un accès aux développeurs externes dans le but de construire les services de demain.
Une application tierce pourra vous fournir le meilleur conseil au sujet d’un prêt ou d’un produit, à partir de vos données bancaires.
Avec l’open banking, une application d’un tiers pourra par exemple vous fournir le meilleur conseil pour un prêt ou un produit, à partir de vos données bancaires. Pour une PME ou TPE, c’est la possibilité de mettre à disposition d’un tiers en temps réel ses données commerciales et financières détenues par sa banque et ainsi d’obtenir un service bien plus personnalisé. L’open banking, c’est aussi vos paiements devenus instantanés et directs, des API pour comparer les prix de vos achats, des partages de données pour financer une cause qui vous est chère, entre autres.
À l’origine de cet immense bouleversement, une nouvelle directive bancaire européenne (la DSP2 pour Directive européenne sur les services de paiement 2) qui instaure depuis juin 2018 l’ouverture des API des banques à des tiers, telles les fintechs mais aussi les GAFA… Avant elle, en 2007 puis transposée en France en 2009, la DSP1 ouvrait déjà la porte à de nouveaux acteurs—essentiellement du digital—pour pouvoir offrir des services bancaires (virements, paiements, comptes, etc.) sans être une banque. La DSP2 va plus loin puisqu’avec le partage de la donnée utilisateur, elle veut remettre tout le monde sur un pied d’égalité : chacun pourra créer un service en fonction de la donnée de chaque individu.
Une libéralisation à double tranchant
En ouvrant leurs systèmes d’informations à d’autres acteurs, les banques tentent aussi de trouver une alternative aux ogres de la data que sont les GAFAM et les BATX asiatiques qui, pour certains, n’hésitent plus à proposer des services financiers. Face à ces mastodonte de la donnée, le jeu d’ouverture pourrait de fait se révéler être à double tranchant pour les banques… D’autant qu’en ligne de mire, il y a aussi les néobanques (N26, Revolut) et autres conquérantes de la fintech (que 81% des Français trouvent innovantes, Deloitte/2018) et qui proposent déjà cette transversalité des services avec des partenaires. Elles ont immédiatement adopté une logique “écosystème-centric” en s’ouvrant à une multitude de partenaires et services parallèles pour être plus agiles, résument les consultants SI de Sentelis.
L’open banking et l’ouverture des services doivent générer des revenus colossaux à l’horizon 2022. Rien qu’au Royaume-Uni, où se trouve la deuxième place financière mondiale avec la City de Londres, le marché a été estimé à 2,3 milliards de livres (2,5 milliards d’euros) à la fin 2018, selon une enquête PwC.En fournissant un accès aux données à des tiers, l’open banking va unir le terrain de jeu entre les acteurs traditionnels de la finance et leurs services et les nouveaux disrupteurs », indique le cabinet britannique.
Le sujet est particulièrement central pour La Fabrique by CA ; le studio est naturellement placé au croisement des deux univers de l’open banking, la banque traditionnelle qui doit ouvrir l’accès à ses données, et la fintech qui dépend largement de ces données pour offrir un service innovant et de qualité à ses clients. Notre capacité, en avance de phase par rapport au marché, à accéder aux données d’un grand acteur bancaire (le Crédit Agricole) et à les utiliser dans les fintechs que nous fabriquons, nous permet d’entrevoir un bel avenir pour les prochaines startups de l’écosytème open banking.