Ici, pas de voitures volantes ou autres robots incroyables, pas d’allées embouteillées, pas de stands de VR pris d’assaut par les curieux. Certes, il est vrai que la fintech se prête moins aux exhibitions extravagantes que les salons généralistes, mais on sent surtout que ce salon est avant tout un lieu de rencontres business, entre clients qui connaissent leurs besoins et fournisseurs prêts à prendre le temps nécessaire dans des conditions optimales pour décrocher des contrats importants. Le prix du billet d’entrée, 3 000€*, permet d’ailleurs d’écarter efficacement les simples badauds. Pour le reste, les stands sont larges et agréables, et les espaces d’échanges (canapés, espaces bistrot…) occupent presque la moitié de l’espace, permettant des discussions au calme.
Ce qui frappe ensuite, c’est l’absence de start-ups à proprement parler. Certes, on en retrouve quelques-unes sur les stands de pays (FrenchTech, Belgique, Allemagne…) et quelques corporates (CAPS, Mastercard…), mais globalement, les petits acteurs ne sont pas au centre du jeu. Pour autant, au-delà des stands d’acteurs traditionnels (Visa, Mastercard…), ce sont surtout les nouveaux géants qui mènent la danse. Les Adyen, Wirecard et autres champions de la DSP1, dont les valorisations boursières talonnent celles des banques traditionnelles.
La tendance 2019 est sans conteste celle de la Bank as a Service (BaaS).
« Bank as a service », « Bank in a box », « Software Banking », « banque en kit », autant de mots pour décrire ces solutions permettant de lancer une offre bancaire en quelques mois grâce à un Core Banking Système complet, dans le cloud, utilisable « as a Service » et souvent relié à un écosystème complet de partenaires.
Encore presque inconnue il y a 18 mois, la BaaS semble devenue mainstream : on en comptait plus d’une dizaine rien que sur le salon, des nouveaux entrants spécialisés (comme Mambu ou Fininbox), aux « Monsieur Jourdain de la BaaS », qui, à l’image d’un Finastra ou d’un Temenos, ont repackagé leurs précédentes technologies en les proposant désormais as a Service et modulaires.
En termes de cible, on sent également un vrai déplacement du marché : après les petites plateformes comme Treezor qui ciblaient les startups, en leur fournissant même l’agrément, l’heure est aux mastodontes proposant des solutions logicielles complètes aux établissements bancaires. Tous les argumentaires commerciaux insistent sur le même type de référence : les banques traditionnelles qui ont pu lancer rapidement des néobanques (sur de nouvelles cibles ou à l’étranger) grâce à leur plateforme.
L’heure n’est plus à l’adolescence de type « les startups parlent aux startups » mais nous sommes désormais face à un marché en pleine structuration autours d’acteurs de plus en plus solides, ciblant les clients les plus solvables : les banques et gros corporates. Finalement, la signature de ce Money 2020 édition 2019 pourrait être : from banking as a service to services to the banks.