24 Nov, 2024 | Article

Pour Maya Noël, DG de France Digitale : « Le secteur fintech est un des plus représentés au sein des startups françaises »

Depuis 2012, l’association France Digitale fédère l’écosystème des startups innovantes en France, avec la mission de défendre leurs intérêts à tous les niveaux. À l’occasion de leur sommet annuel FDDAY, dont La Fabrique by CA était partenaire, nous avons rencontré Maya Noël, sa directrice générale.

France Digitale devrait-elle changer de nom ? Maya Noël reconnaît le décalage qui s’est creusé entre son appellation initiale et la réalité du terrain. D’une association franco-française, celle que l’on surnomme parfois FD a déployé son influence en Europe pour aider les startups françaises à rayonner au-delà de l’hexagone. Le terme « digitale » s’est aussi un peu galvaudé avec le temps, surtout que l’association accompagne toutes les entreprises innovantes sans discrimination, mais il n’est pourtant pas question de renommer la structure pour autant. Si l’idée est un serpent de mer au sein des équipes, le nom France Digitale ouvre de nombreuses portes et permet d’avoir de l’impact auprès de tous les décideurs politiques et économiques.

Transformer notre économie

En douze ans, l’association France Digitale peut ainsi se targuer d’avoir remporté quelques belles victoires. À commencer par la première, le projet de loi de finances 2013 qui allait directement donner naissance au mouvement sous l’impulsion de Jean-David Chamboredon, son fondateur. Depuis, l’association a obtenu des avancées dans le domaine des BSPCE ou la création du visa French Tech pour recruter des talents du monde entier. 

« Mais nos plus grosses victoires, confie Maya Noël. Ce sont souvent les erreurs que l’on évite en coulisse. Mes équipes font beaucoup de veille législative et on intervient avant que certaines décisions ne soient prises ou annoncées publiquement.

Depuis sa création, France Digitale défend inlassablement les intérêts des jeunes entreprises innovantes qui, pour sa directrice générale, « représentent une forme de laboratoires d’expérimentation qui vont transformer notre économie. »

La Fintech en pionnière de l’écosystème

France Digitale possède un poste d’observation privilégié sur l’écosystème des entreprises et notamment sur celui-ci des Fintech. « En matière de financement, il s’agit d’un écosystème que je ne distingue pas forcément de celui des startups en général, explique Maya Noël. Car il est concerné par l’ensemble des tendances et évolutions observées. » 

Et les changements sont nombreux : quand France Digitale s’est créée, les startups françaises levaient moins d’un milliard d’euros par an. Aujourd’hui, la barre des dix milliards d’euros par an a été franchie. « On a décuplé notre capacité de financement. On est donc capable dès le départ de financer des projets très ambitieux avec une forme d’alignement public privé qui est assez intéressant », partage-t-elle. 

Dans un même temps, le chiffre d’affaires de ces startups augmente à mesure qu’elles étendent leur capacité de faire du business en France, mais aussi à l’international. « Néanmoins, ce qui n’a pas changé, c’est que cela n’est pas suffisant et que l’on est toujours un peu à la traîne dans la course à l’international. Mais j’ose espérer que l’Europe arrive à rattraper son retard. »

La France se démarque pourtant du côté Fintech que Maya Noël affirme être « l’un des plus grands écosystèmes de startups en France » où l’on peut identifier de formidables succès français et européens. « C’est un secteur où les acteurs historiques ont très tôt mis les moyens pour se digitaliser et qui a servi de secteur test pour l’adoption d’innovations et de nouvelles technologies ». Cela a donc également participé à la vitalité de ce secteur au fil des levées de fonds, des acquisitions et des créations d’entreprise. 

Amorcer un nouveau narratif

Pour Maya Noël, l’écosystème a besoin d’un nouveau récit. Si le concept de la « startup nation » a aidé à faire émerger l’idée que la tech française a de formidables atouts, le concept s’essouffle aujourd’hui jusqu’à se transformer parfois en startup bashing.

« Il ne faut surtout pas penser que les startups sont déconnectées de l’économie… elles restent des entreprises. Quand l’économie tousse, les startups toussent. Il est donc important de continuer à les soutenir en termes de financement et de commande. On entre dans une nouvelle phase de l’économie. On s’est longtemps concentré sur l’amorçage, à donner envie aux gens d’entreprendre… il faut maintenant donner envie à ces mêmes entrepreneurs de grandir ! Ce ne sont pas les mêmes ingrédients. Il faut ouvrir un nouveau chapitre. »

Valentin Pringuay