Les conseils pour s’améliorer, donner le meilleur de soi-même, changer ses habitudes pour s’accomplir et embellir sa propre existence : ça ne manque pas. Que ce soit dans les films ou dans la culture populaire, l’image du héros solitaire, antisocial, extrêmement indépendant est d’ailleurs assez répandue.
Mais dans la réalité, les choses sont un peu plus compliquées que dans certaines histoires que nous nous racontons. Mettons donc deux minutes entre parenthèses notre péché mignon pour le nombrilisme et l’individualisme un tantinet excessif.
En vérité, le meilleur dépassement de soi est produit par quelque chose qu’on oublie parfois : le collectif.
Se dépasser, collectivement.
Le dépassement collectif est un pouvoir incroyable. Grosso modo, c’est la faculté qu’a un groupe – dont les membres sont indissociables – à accomplir des objectifs invraisemblables, de s’améliorer, de “performer dans son être” (s’il y a des fans de Spinoza parmi nos internautes) pour conquérir de nouveaux sommets.
Dans un sport collectif, ou même à l’armée – où la “punition” lors d’exercices en section est systématiquement “collectivisée”, parfois même rendue volontairement injuste – la notion de performance du groupe est très facile à identifier comme telle et à mettre en avant : c’est en fait l’origine même de sa logique.
Dans l’absolu, il est très facile de comprendre que l’erreur de l’un sanctionne directement le groupe, et qu’au foot, le but de Ronaldo repose sur la solidité du lien qui lie les membres d’une équipe, qui en fait a servi le buteur. Mais aussi, que le buteur brille par la relation qu’il a instaurée avec passion et enthousiasme avec l’équipe entière : elle le rend meilleur, comme il la rend meilleure. Elle le sert, comme il la sert. Ils sont des vases communicants, indissociables, unis. Ils forment un tout insécable.
Si bien que ce fameux pied magique est peut-être celui du buteur, mais aussi, indirectement, celui de son équipe… Comme si l’équipe elle-même était l’extension de son pied magique, ou le moteur responsable de son impulsion. Bref, le sportif ou le militaire se voit assez spontanément comme l’une des parties d’un tout plus grand que lui. Et non pas comme un atome isolé qui vient se frotter à d’autres.
Résultat : ce “tout” dont il fait partie le dépasse, et se dépasse ! Il conquiert des sommets et réalise des choses qui pouvaient paraître a priori invraisemblables… Et l’histoire nous le confirme. Il n’est pas souvent arrivé qu’une innovation technologique soit réalisée par un homme tout seul dans son garage qui un jour a eu une idée brillante…
Mais, comme les gens préfèrent les belles histoires de ce génie solitaire incompris qui crie : “Eurêka !”, on retiendra plus facilement le nom de Steve Jobs. Pas de son acolyte Steve Wozniak, ou encore de celui des membres des extraordinaires équipes d’ingénieurs d’Apple.
Le fondement du moteur d’une entreprise et de sa valeur ajoutée
Cette notion de dépassement collectif est extrêmement présente dans le monde du sport et fondamentalement chevillée à l’esprit de la vie militaire.
Le monde de l’entreprise et des ressources humaines a tout intérêt à se pencher beaucoup plus sur la question.
On perçoit encore trop souvent l’idée mortifiante (et avouée à demi-mot) que chaque salarié est un élément isolé qu’il convient d’additionner au tout global, comme une simple charge, un simple coût fixe à rajouter à la note de l’entreprise, ou un engrenage qu’on peut remplacer comme bon nous semble.
Cette vision est à la fois terrible, contre productive et, osons le dire, totalement fausse. En vérité, la richesse d’une entreprise repose surtout sur la symbiose formidable que ses membres ont su créer, sa manière d’accueillir l’altérité et la contradiction, son esprit, sa “marque employeur” ou, pour utiliser un vocabulaire moins RH : sa raison d’être.
Chez La Fabrique by CA, nous avons à cœur d’encenser cette notion de dépassement collectif, puisque nous pensons que c’est dans cette configuration de groupe que l’esprit d’excellence peut le mieux être mis en œuvre. Mais nous avons aussi la ferme conviction que c’est en pratiquant quotidiennement ce leitmotiv que ses membres profitent du bien-être le plus grand. Nous pensons qu’une entreprise est avant tout un souffle, une force, une identité, une façon d’interagir, une approche très particulière des relations humaines, une culture : bref une vraie entité à part entière.
Un groupe qui se dépasse n’est pas une simple addition d’individus
Au-delà d’une meilleure capacité de différenciation et de création de sens, une entreprise tournée vers le collectif permet l’émulation, de se challenger et en définitive, de produire la meilleure valeur ajoutée possible.
D’ailleurs, une étude du Carnegie-Mellon et du MIT montre très bien que le QI d’un groupe dépend surtout de la qualité de sa communication et de sa capacité à créer une symbiose, bien plus que de la somme des QI individuels !
L’entreprise doit ainsi être portée par un groupe qui sait produire du “sens” et qui pousse à participer à plus grand que soi : une équipe est bien plus que la simple somme des individualités ou de noyaux qui “s’entrechoquent” les uns avec les autres et poursuivent tous des intérêts distincts et/ou contradictoires.
Ce sont des formes qui s’agglomèrent, se fondent les unes aux autres et qui créent un tout inséparable avec une culture particulière et une façon unique de s’appréhender. La complicité qui résulte de cette recette unique crée une dynamique dont elle seule a le secret.
La performance d’un groupe est directement liée au respect de ses individus et inversement
La création d’une identité collective puissante – qui fédère et pousse les individus à se dépasser, tantôt par émulation, tantôt par esprit de corps – crée en définitive les meilleures conditions possibles pour l’accomplissement et la réussite. Sur le plan collectif, comme sur le plan individuel et personnel !
« Le dépassement collectif est selon moi un pléonasme, car le collectif entraîne indiscutablement le dépassement de soi. »
– Cécile Joly, CEO de KLS
Certains pourraient penser qu’en étant obnubilé par le groupe, on en viendrait à oublier l’individu dans ce qu’il a de plus riche et à le respecter dans son intégrité. Mais si le groupe finit par l’oublier et par manquer de le reconnaître, il se tire une balle dans le pied : la confiance entre ses membres et le groupe lui-même risquent de vaciller.
Si bien qu’individus et groupes demeurent interdépendants en toute finalité. L’un et l’autre ont un intérêt capital à se respecter et à s’appréhender avec équité, honnêteté et bienveillance. Par ricochet, ce puissant sentiment d’appartenance et de symbiose engendre chez un individu une bouffée d’oxygène qui lui permet d’aller au devant et au-delà de lui-même, pour un objectif commun, quelque chose de plus grand que lui. Et de s’accomplir avec force et engagement.
Après toutes ces discussions que nous avons pu avoir avec les CEO dont nous suivons les avancées, nous en avons la ferme conviction : c’est dans cette logique de dépassement collectif qu’une entreprise – quelle qu’elle soit – s’accomplit et réussit le mieux.