Si le nom de Doxallia est récent (cette nouvelle filiale du Crédit Agricole a vu le jour en 2022), l’entreprise est issue du rapprochement d’entités dont la plus ancienne avait été créée en 1994. « Ce regroupement est un projet stratégique qui a pris près d’une décennie à se concrétiser, explique Renaud Bac, directeur général de Doxallia. Les dirigeants du Groupe Crédit Agricole ont décidé de concentrer les moyens et rationaliser les processus afin de créer un champion sur son secteur. »
Tout part d’un constat simple. En tant que plus gros client de La Poste sur le courrier industriel avec 23 millions de clients en France, le Groupe Crédit Agricole bénéficiait d’un volume et d’un besoin suffisamment conséquent pour donner naissance et opérer l’un des acteurs les plus importants du marché. Doxallia opère sur toute la chaîne documentaire et digitale des entreprises en adressant des problématiques telles que la dématérialisation des documents, la signature électronique ou de vérification d’identité (KYC).
« Nous répondons à une rupture technologique majeure pour les entreprises puisque l’on passe d’un monde du document à un monde de la donnée. D’un environnement physique à une digitalisation des processus qui doivent donc être reconstruits pour être nativement digitaux. »
Renaud Bac est un habitué de ces ruptures. Après avoir œuvré dans les télécoms en 1998 au moment de la dérégulation et de la fin du monopole de France Télécom, il se dirige chez M6 au moment de la création de la TNT, de l’explosion du câble et de la naissance du web. Quand il bascule vers le secteur financier au début des années 2010, la transformation digitale amorce un changement de paradigme d’une ampleur sans précédent. “je pense que c’est ce qui m’attire, dit-il. Je me sens bien dans des environnements qui se réinventent ! »
Vers un positionnement sur l’ensemble de la chaîne de valeur
Renaud Bac inscrit l’innovation au cœur de la démarche de Doxallia. « J’ai un peu pris modèle sur la Fabrique by CA avec qui nous travaillons beaucoup, avoue-t-il. On a créé une forme de startup studio interne pour développer de nouveaux produits avec une logique vraiment lean. » En tant que PDP (plateforme de dématérialisation partenaire), Doxallia fourni, par exemple, les services de back-end à Kolecto sur le sujet de la facturation électronique, en tant que PDP.
Avec cette approche, chaque nouveau produit développé chez Doxallia permet de se positionner à un nouvel étage de la chaîne de valeur. La vérification d’identité biométrique, la lutte contre la fraude identitaire et documentaire, ou la signature électronique sont autant de cas d’usages. « Nous sommes capables d’adresser l’ensemble des problématiques de la gestion documentaire et de la sécurisation de ses processus », explique Renaud Bac.
La souveraineté numérique, un enjeu de plus en plus stratégique
Avec un contexte géopolitique qui définit de nouveaux équilibres internationaux, la souveraineté numérique devient l’un des combats prioritaires pour les entreprises. Très tôt, Doxallia en a fait l’une de ses principales forces en mettant les bouchées doubles sur le niveau d’exigence proposé à ses clients : « Nous n’utilisons pas de cloud externe, explique Renaud Bac. Ce n’est pas qu’une question de données qui sont évidemment hébergées sur nos infrastructures propres, c’est aussi une question de transactions et d’opérations. Rien ne sort de chez nous. Même sur des composants qui ne nous appartiennent pas, nous allons les installer dans nos infrastructures afin d’en avoir le contrôle. »
« Je pense qu’il y a une vraie incompréhension de ce qui se joue aujourd’hui ! lance Renaud Bac avec conviction. Certains ont sacrifié la sécurité et la maîtrise économique au nom de l’usage, de l’UX et de la performance. »
Pour le directeur général de Doxallia, les entreprises et administrations françaises qui se sont trop largement déployées sur des clouds non souverains sont vulnérables. Même si la plupart des acteurs US du Cloud ont annoncé l’ouverture de datacenters en France ou en Europe, « le problème reste entier, assure Renaud Bac. Ces acteurs sont toujours américains. Quand on voit le contexte géopolitique, tout invite à faire preuve d’une grande vigilance. La souveraineté, tout le monde en parle, mais peu en font vraiment»
Doxallia veut donc occuper le terrain comme un acteur de confiance de référence au service de la souveraineté numérique des organisations. Un sujet que Renaud Bac met sur le même niveau que l’indépendance énergétique ou de l’armement.
« Le numérique est un sujet éminemment stratégique. C’est un pilier sans lequel nos sociétés ne pourraient plus s’organiser, donc la dépendance à des acteurs extra européens me paraît périlleuse. Maintenant, est-ce que c’est réversible ? La réponse est oui. Est-ce que cela prendra du temps ? Oui également. Est-ce que cela va coûter ? La réponse est encore oui. Mais est-ce qu’il faut commencer ? Définitivement ! Et est-ce que Doxallia a une carte à jouer ? Je pense que vous connaissez déjà la réponse ! »
Valentin Pringuay