Rapidement, la pratique s’étend à d’autres secteurs d’activités, en plus de la musique. Ce sont les sites américains Indiegogo en 2008 et Kickstarter en 2009 qui référencent des causes sociales et caritatives à financer, mais aussi les premiers projets entrepreneuriaux et les jeunes entreprises, puis le phénomène se structure autour de trois catégories : le don, l’equity (entrée au capital d’une entreprise) et le prêt.
En France, le marché a atteint en 2018 402 millions d’euros collectés (+20% par rapport à 2017), via les plateformes de crowdfunding d’après le baromètre annuel KPMG et Financement Participatif France (FPF) qui recense une soixantaine de sites. D’une année sur l’autre, la collecte connaît néanmoins un net ralentissement, comparé aux croissances annuelles précédentes (+40% depuis 2015).
Le crowdlending au service des entreprises
Le crowdfunding de prêt, plus communément appelé « crowdlending », est la catégorie qui a été la plus dynamique en 2018 en France comparée aux autres, note le JDN. Les plateformes ont en effet collecté 273 millions d’euros, en hausse de 40% par rapport à 2017. Comme son nom l’indique, il s’agit pour une communauté de prêteurs de prêter de l’argent, avec ou sans intérêts. L’acteur français historique est Younited Credit (anciennement Prêt d’Union), lancé en 2011, dans le prêt à la consommation.
En 2013, avec le lancement d’Unilend, c’est le financement des PME via le crowdlending qui a débuté. C’est à la faveur d’une nouvelle réglementation (à partir de 2015) que de nombreux acteurs se sont ensuite lancés. Ce mode de financement alternatif met en relation des TPE, PME ou startups avec des prêteurs qui peuvent être des particuliers à la recherche de nouveaux produits d’épargne aussi bien que des institutionnels (fonds d’investissements, assureurs…). En France, quatre acteurs se distinguent tout particulièrement sur le marché: October (anciennement Lendix), Credit.fr, Lendosphere et Bolden.
Le crowdlending à l’étranger vs. en France : sommes-nous prêts pour le rattrapage ?
Les acteurs hexagonaux se trouvent très loin des montants levés par leurs voisins britanniques, à l’image de la plateforme Zopa (3 milliards d’euros levés depuis sa création en 2004) ou de Funding Circle (environ 5 milliards d’euros depuis 2010 pour 62 000 entreprises). En 2018, la valeur de tous les prêts générés par Funding Circle a ainsi atteint 2,3 milliards de livres (2,6 milliards d’euros), selon ThisIsMoney. Le Britannique a même fait son entrée à la Bourse de Londres l’an passé.
Outre-Atlantique, les poids lourds sont Prosper, Upstart et Lending Club. En Chine, où le financement en peer-to-peer constitue une alternative aux banques, les montants pourraient atteindre 164 milliards de dollars en 2019, selon des données Statista.
En France le secteur tarde à vraiment décoller et à incarner une alternative aux banques dans le financement des entreprises. Depuis 2013, trois des principaux acteurs (Finsquare, Unilend et SmartAngels) ont cessé leur activité et les autres plateformes financent des volumes négligeables comparés aux 80 Mds€ prêtés par les banques aux TPE/PME chaque année. Face à des banques qui proposent des taux très bas et ont raccourci leurs process de décision de crédit, les plateformes peinent à convaincre les entreprises d’emprunter à des taux élevés (5,8% en moyenne en 2018 selon crowdlending.fr).
Seul un resserrement du crédit au sein des banques françaises semblerait capable de donner de l’air à un secteur aujourd’hui en manque de souffle.